Fixer les préfixes

Les gens qui utilisent Antidote ou un autre logiciel de correction du français ont peut-être déjà vécu la même chose que moi par le passé. Ils ou elles ont fait précéder un mot par un préfixe comme hyper, ultra, super, archi, extra… Par exemple : « C’est une personne hyper-attentionnée. » Ou alors : « Elle était super contente. »

C’est là que le correcteur envoyait un message, en disant que, dans les mots formés avec le préfixe hyper ou super, les deux éléments sont généralement soudés. Vous faites donc la correction et vous écrivez hyperattentionnée et supercontente.

Tout de suite après, le correcteur vous larguait un nouveau message : « Je ne reconnais pas ces mots. »

« Ben là, Antidote, faudrait savoir ce que tu veux », était-on tenté de répondre.

Même s’il est probablement le logiciel de correction le plus complet et le plus avancé, Antidote n’a pas encore complètement remplacé l’esprit humain. Dans ce cas-ci, si le mot nouvellement formé n’existait pas déjà dans son propre dictionnaire, il détectait évidemment une faute. À moins de l’ajouter manuellement au dictionnaire, ce qu’il est possible de faire.

Sauf qu’il ne faut pas oublier que ces mots créés à la pièce avec des préfixes sont généralement considérés comme de niveau familier. On les accepte dans la langue de tous les jours, mais dans un texte soigné, il faut préférablement les éviter et utiliser des adverbes classiques comme très, fort ou vraiment.

Mais si le niveau de langage de votre texte le permet, alors vous pouvez faire la soudure ou garder le trait d’union. On permet généralement les deux lorsqu’il est question de mots composés dits « occasionnels ».

Sinon, faut-il souder tout le temps ou doit-on encore garder le trait d’union? J’aimerais vous répondre en une seule phrase, mais la réalité, c’est qu’on est encore loin d’avoir trouvé une règle simple et efficace sur cette question. Preuve : la Banque de dépannage linguistique a dû créer un tableau pour 64 préfixes différents. À mettre dans vos favoris si vous hésitez souvent.

Tentons quand même de dégager certaines lignes directrices.

Dans la majorité des cas, c’est la soudure qu’il faut faire. Dans plusieurs autres cas, les deux sont permis. Bref, lorsque vous soudez, vous avez moins de chances de vous tromper.

C’est généralement lorsque deux voyelles se rencontrent que la soudure devient problématique. Il faut vérifier si la rencontre de ces deux voyelles ne crée pas un son nouveau et indésirable. Par exemple, il n’y a aucun problème à faire la soudure dans agroalimentaire. Par contre, avec agroindustriel et agrourbain, on se retrouve avec un groin et un grou pas très élégants. Le trait d’union (agro-industriel, agro-urbain) apparaît nettement préférable.

Lorsqu’il s’agit de la même voyelle, la tendance est aussi au trait d’union… bien qu’il y ait des exceptions, comme microorganisme.

Les principaux cas où le trait d’union est obligatoire sont la présence d’un nom propre au deuxième mot (pro-Poutine, anti-PQ) ainsi qu’avec les préfixes mi (mi-jambe), vice (vice-président) et néo dans un gentilé (Néo-Zélandais mais néoclassique).

Après, on tombe dans une suite de cas à part, tel ex qui requiert un trait d’union lorsqu’il est synonyme d’ancien (ex-mari), mais conserve l’espace dans les locutions latines (ex aequo). Rendu là, il faudrait que quelqu’un se lève et ramène les dernières brebis égarées dans l’enclos.

Perles de la semaine

De très amusantes erreurs d’homographes et d’homophones dans la presse écrite. On pourrait parler… d’homofuns !

  • « C’est tout le temps un peu différent en fonction de ce qu’on récent », explique la musicienne.

  • Les auditeurs de l’Estrie seront très heureux de retrouver celui qui a dominé les côtes d’écoute.

  • Du trouble obsessif à la dépendance, en passant par certain très de caractère, l’artiste suggère que tous ont une intelligence différente.

  • Après avoir passé 20 ans à diriger la chorale, il estime qu’il est tend de passer le flambeau.

  • D’ici là, la jeune femme multiplie les concours de champs.