
Le tour de la question
Sur une récente une de La Tribune, on pouvait lire « c’est notre tour ». Doit-on plutôt dire : « C’est à notre tour »?
Gérard C., Sherbrooke
Sur une récente une de La Tribune, on pouvait lire « c’est notre tour ». Doit-on plutôt dire : « C’est à notre tour »?
Gérard C., Sherbrooke
Pas de gagnant ici : les deux tournures sont acceptées. Certains émettent quelques réticences, mais il n’y a pas unanimité.
Commençons par dire que la syntaxe la plus logique est « c’est à [mon, ton, son, notre, votre, leur] tour ». Pourquoi? Parce que dans ce contexte, un tour (on a tendance à l’oublier), c’est un moment. Mon tour, c’est le moment où je dois jouer, où j’ai droit à tel privilège ou service, où il me faut accomplir une tâche que d’autres ont déjà accomplie et que nous nous partageons, où je dois me soumettre au même traitement que mes semblables.
Voici la définition du Petit Robert : « Moment auquel (ou durant lequel) une personne se présente, accomplit qqch. dans un ordre, une succession d’actions du même genre. »
Bref, on devrait dire « c’est à ton tour » pour la même raison que l’on dit « c’est à 18 h », « c’est au matin », « ce sera au printemps »…
Mais avec l’usage, la préposition à a fini par disparaître. Pourquoi? Probablement parce que les gens ont perdu de vue la composante temporelle et ont perçu le mot comme désignant l’action posée en tant que telle.
Remarquez, la préposition à n’est pas essentielle à toute expression temporelle. On peut très bien dire « c’est le matin », « c’est minuit », « c’est septembre »… Il n’y a donc rien de mal à dire « c’est mon tour ».
Donc, la majorité des ouvrages de référence accepte des tournures comme « c’est mon tour », « c’est le tour de », « chacun son tour »… Sachez toutefois qu’il y a des dissensions.
Par exemple, dans le Dictionnaire Bordas et le Dictionnaire des difficultés du français de Jean-Paul Colin (Robert), on nous dit que « chacun votre tour » est une tournure incorrecte et à éviter. Il faudrait plutôt s’efforcer de dire « chacun à votre, notre, son, leur tour ». Le Larousse des Difficultés et pièges du français est moins sévère : il considère « chacun à son tour » comme plus soigné. Hanse émet que « chacun son tour » est acceptable si la locution est détachée du verbe, sinon il vaut mieux dire : « Chacun à son tour de jouer. »
Pourtant, le Petit Robert et la Banque de dépannage linguistique (BDL) citent chacun son tour sans y mettre de restriction.
La BDL estime toutefois qu’il faut garder la préposition à lorsque tour est suivi d’un infinitif. Elle donne comme exemple : « C’est à son tour de jouer. » « C’est son tour de jouer » est donc proscrit.
S’il y a une chose sur laquelle tout le monde s’entend, c’est qu’il faut dire : « C’est au tour de Jeanne de jouer. » Et non « à jouer », tournure considérée comme vieillie.
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